arts, habitants, natures, territoires
Gilbert Marcel
Les prophéties
Gilbert Marcel
Les prophéties
RÉSIDENCE DE TERRITOIRE 2019 : JULIE FAURE-BRAC
note d’intentions initiale du projet « Voyage des âmes », décrivant le sens et les objectifs de ce projet.
« Une chose apparaîtra qui recouvrira la personne qui cherche à la couvrir »
Léonard De Vinci
Une vision première, presque primaire, s'impose à moi dans l'immédiat vis à vis de cette prophétie de Léonard De Vinci : je vois des corps que l'on recouvre d'une peau poilue afin de le faire disparaître ; je pense à des fantômes ; je me rappelle aussi de Odin ou Wodan, dieu de la mythologie nordique, qui laisse son corps à terre comme mort ou endormi pour voyager dans le corps d'un Autre, un animal sauvage ; j'imagine, un rêve, le transport magique des âmes à travers l'espace et les frontières...
Pour le projet de Résidence et Territoire à Aubepierre sur Aube, je souhaiterai travailler autour de cette idée de transporter des âmes de corps en corps, de faire voyager les âmes et les corps dans différentes enveloppes ou peaux. Le projet «Voyage des âmes» propose d’imaginer et créer ensemble une œuvre collective et poétique permettant le transport magique des âmes à travers l’espace et les frontières, de faire voyager les âmes dans le corps d’un Autre...
L’idée est de créer une enveloppe commune, une peau composite, comme un moyen de transport vivant.
Le groupe se glissera dessous pour ne faire plus qu’un, ils deviendront des porteurs d’esprits, ils déambuleront avec la peau lors de présentations au public (au centre ville de Chaumont le 7 septembre après-midi dans le cadre de la journée des associations et lors de l’Opéra populaire à Châteauvillain les 27, 28 et 29 septembre).
Nous fabriquerons cette peau géante en tissu, avec des parties en volumes, têtes d’animaux, membres du corps humain, etc. (réalisées en moulages grâce au carton, au bois, au plâtre ou autres matériaux) puis nous habillerons la peau en la recouvrant de papiers que nous pourrons peindre ou dessiner.
Elle sera parfois informe et parfois fera penser à un corps mythologique, hybride et composite.
Bilan à ce jour (octobre 2019)
⁃ un petit groupe, de 5 femmes (le fait qu'il y ait uniquement des femmes est un hasard), s'est constitué grâce à Marie-Solange Dubès (Maison Laurentine) et à Dominique Cossalter (hébergeur du projet) ; elles ont proposées cet atelier à des connaissances, en amont du projet. Le groupe était très soudé, les discussions étaient constructives. Une amitié s'est même installée grâce à cette expérience commune.
⁃ La fabrication de l'objet artistique s’est fait en plusieurs étapes. Dans un premier temps nous avons fait des expérimentations de volumes, moulages en plâtres, sculptures en papier, en tissu, de parties humaines ou animales, ou abstraites. Nous avons également testé des peintures, dessins, frottages comme textures possibles. Nous avons réalisés deux peaux, une en petits morceaux de papier blanc collés sur du tissu léger (évoquant un corps à plumes) et une en lambeaux de papier kraft déchirés puis collés sur un très grand tissu blanc (d’environ 6m x 4m). Ce dernier objet « peau » s'est simplifié au maximum au fur et à mesure des ateliers car les finitions esthétiques, les volumes possibles à rajouter, les textures essayées, ne semblaient pas indispensables. Mais avant tout, l'objet artistique offrait à ce stade des qualités plastiques (couleur, maintient de la forme, bruit, évocations de la terre, de la peau animal...etc.) qui nous plaisaient et nous satisfaisaient pour ce que nous souhaitions en faire. L'aspect créatif et de construction de ces objets furent très fédérateurs.
⁃ Dans l'intimité du groupe et lors de ces périodes d'ateliers, nous avons fait de nombreux essais d'incarnation de cet objet, en le manipulant, en l'habitant de nos corps. Chacune a fait des propositions, toujours sous le regards des autres. Nous avons fait des petites vidéos et photos de nos essais et nous avons imaginé un scénario, un découpage de saynètes possibles pour une présentation publique de ce projet à ce stade.
⁃ Les périodes d'ateliers avaient été fixées en amont afin que chacun puisse s'organiser au mieux pour être présent, au maximum.
⁃ La période suivante a consisté en la préparation aux présentations publiques à Chaumont le 7 septembre, puis à Châteauvillain pour l’Opéra fin septembre. Nos intentions scénaristiques de départ ont été modulées pour s’adapter évidemment à ce projet hors norme d’oeuvre totale incluant l’association de près de 90 participants. Notre partition dans l’Opéra fut un passage court et intense, de manipulation de ces deux peaux, évoquant peut-être le voyage périlleux et vital des migrants en Méditerranée.