arts, habitants, natures, territoires
Gilbert Marcel
Les prophéties
Gilbert Marcel
Les prophéties
Alice Marc
Les Jocondes
Ces femmes sont des héroïnes anonymes. On ne sait rien d’elles.
De leurs joies, de leurs tourments. De leurs vies. Le sombre rode mais leur lumière éclaire le monde. Elles sont les reines de la ruche. Les artistes dusoin. Chaque jour, chaque nuit, elles pansent les âmes et les corps blessés.
Telles des abeilles, elles veillent leurs pairs avec bienveillance, intelligence.
Elles tissent du lien, elles donnent du sens. Elles écoutent, elles regardent,
elles accueillent, elles caressent. Elles maternent sans jamais infantiliser. De leur corps, de leur coeur, de tout leur être, de toutes leurs forces, elles enlacent pudiquement les vies épuisées.
Naturellement, généreusement, discrètement.
Leur beauté céleste brille au firmament. Les larmes ne leur font pas peur. De leurs mains délicates, elles libèrent des humeurs vénéneuses. La douceur de leurs gestes enveloppent les souffrances d’un voile apaisant. La musique de leur voix berce les esprits chagrins. Leurs mots sincères soignent les plaies
de l’âme. Leurs sourires clairs consolent les peines grises. Leur joie simple entraîne les souffles minces. Elles nourrissent les jours de disette. De leur sève bienfaisante. De leur miel. Elles sont le Sel de la Terre. Le crépuscule point sournoisement, irrémédiablement. L’angoisse se dilate d’un temps
déchiré. L’effroi surgit du néant de la nuit. La mort étreint, la mort éteint.
Leur présence tranquille chasse les peurs bleues, apaisent les colères noires.
Loyales et fortes, elles soutiennent, accompagnent les vies vacillantes.
Elles n’abandonnent pas, mais laissent glisser les fragiles destinées. Elles regardent les vies qui se font et se défont devant elles, humblement, avec respect. Toujours, elles tiennent et se tiennent là, tout près.
Stabat Mater.